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Oser agir

En 1953, la Knesset – le Parlement d’Israël – décide d’honorer les Justes parmi les Nations qui ont mis en danger leur vie pour sauver des Juifs. Le titre de Juste est décerné par le mémorial de Yad Vashem à Jérusalem après une enquête précise sur les actions menées par ces personnes.

En 2020, Yad Vashem avait décerné 27 712 titres de Justes dans 51 pays. En Occitanie, 598 personnes ont été reconnues Justes parmi les Nations.

LES 598 JUSTES PARMI LES NATIONS D’OCCITANIE

On ne saura jamais exactement combien vous êtes. Certains sont morts, sans juger utile de se prévaloir de ce qu’ils avaient fait. D’autres ont cru être oubliés de ceux qu’ils avaient sauvés.

D’autres en ont refusé d’être honorés, considerant qu’ils n’avaient fait que leur devoir de Français, de Chrétiens, de citoyens, d’hommes et de femmes envers ceux qui étaient pourchassés pour le seul crime d’être nés juifs.

Vous tous, les Justes de France auxquels nous rendons hommage aujourd’hui, vous illustrez l’honneur de notre pays qui, grâce à vous, a retrouvé le sens de la fraternité,de la justice et du courage. Voila plus de soixante ans, vous n’avez pas hésité à mettre en péril la sécurité de vos proches, à risquer la prison et même la déportation. Pourquoi? pour qui ? Pour des hommes, des femmeset des enfants que, le plus souvent, vous ne connaissiez même pas, qui ne vous étaient rien, seulement des hommes, des femmes et des enfants en danger.

Extrait du discours de Simone Veil,
17 janvier 2007, Panthéon

Moissac, ville de Justes parmi les Nations

De 1939 à 1943, la ville de Moissac a accueilli une maison d’enfants juifs fondée par Shatta et Bouli Simon, un couple membre des éclaireurs israélites de France. Avec la complicité des habitants de la ville et de la mairie, 500 enfants juifs étrangers et français ont pu être sauvés. Neuf habitants de Moissac ont été distingués pour avoir participé à la protection des enfants en aidant à la fabrication de faux papiers, en prêtant leur identité ou en cachant des enfants chez eux. Il s’agit d’Alice Pelous, Henriette Ducom, Jean Gaynard, Manuel Darrac, Albini Jean et Albertine Maria Ginisty ainsi que Pierre, Alida, Renée et Henri-Elie Bourrel.

Sauver les enfants encore et toujours

Louis Forestier, instituteur de profession, est nommé directeur de la maison d’enfants du village de Lavercantière en 1943. Le château de Lavercantière est un château du XIVe siècle transformé en maison d’enfants en 1939, initialement pour accueillir les enfants d’une Espagne déchirée par la guerre civile.

Suite à une demande de l’Œuvre de Secours aux enfants (l’OSE, organisation juive de sauvetage des enfants), le foyer a également commencé à accueillir des enfants juifs sortis du camp de Rivesaltes. Parmi les enfants qui ont trouvé refuge à Lavercantière se trouvait Charlotte Berger qui est née à Cologne, en Allemagne, en 1937.

L’OSE fait sortir Charlotte de Rivesaltes, et l’envoie en 1943 à la maison d’enfants de Lavercantière, où elle restera jusqu’en 1945. Charlotte a rappelé plus tard qu’elle ne manquait jamais de rien et que les activités au foyer pour enfants étaient variées et nombreuses.

Solidarité et amitié humaine

Conception Faya, originaire d’Espagne, a déménagé à Pamiers en France en 1926, où elle s’est mariée et a eu quatre enfants.

Elle travaillait dans une usine de vêtements de la ville. Pendant la guerre civile espagnole, la famille est retournée en Espagne, où son mari a rejoint l’armée républicaine et a été tué pendant la guerre. Internée au camp de Gurs, Conception rencontre une famille juive également internée : Élise Mizrahi et ses deux enfants, Gisèle et Jacques. Le mari d’Élise a été arrêté par la police française en juillet 1942 à leur domicile parisien et envoyé dans l’Est, pour ne jamais revenir. Après l’arrestation, Élise a décidé de fuir avec ses enfants, mais ils furent pris et envoyés à Gurs. Élise a écrit à Conception pour demander son aide et Conception les a immédiatement accueillis dans son modeste appartement de deux pièces. Plus tard, Élise demande à Conception d’héberger également ses deux neveux parisiens, Maurice et Régine Moreno.

Sous une couverture, dans une charrette

José Martinez, espagnol, arrivé en France à l’âge de 18 ans, et son épouse Maria née Victoria, arrivée d’Espagne à l’âge de 14 ans, habitent le faubourg de Bensa à Lavelanet avec leurs trois enfants, dont leur fille Dominique. Ouvrier textile, José Martinez* travaille dans une usine, à Bensa.

Les familles Waiter et Trafikan vivent en Pologne et émigrent en France après l’attentat contre le Tsar de Russie en 1905. Les grands-parents Trafikan ouvrent un petit atelier de confection. Leur fille Sarah va épouser Henri Waiter, maroquinier. Leur petite Lucie naît en 1927.

Son grand-père pressent le danger qui monte dès 1933 lors de la prise du pouvoir par Hitler en Allemagne.

Début 1944, Sarah Waiter est avertie par les logeurs que les grands-parents ont été arrêtés et qu’il est urgent de partir. La mère et la fille vont trouver refuge chez José* et Maria Martinez*. Elles seront cachées dans le grenier sans sortir durant quelque temps. Leur fille, Dominique Martinez, se souvient : « C’était la guerre, j’étais petite mais des images sont restées, on habitait le faubourg de Bensa, papa a caché toute la famille Waiter, qui habitait en face de la gendarmerie, en les amenant à la maison, sous une couverture sur une charrette, il a pris des risques énormes, mais il a réussi avec maman ».