Le travail est un lieu de rencontre et de mixité incontestable.
En Occitanie, ce sont les secteurs miniers et viticoles qui vont attirer le plus de travailleurs étrangers.
Face à un travail souvent pénible, tous les Hommes se ressemblent, si bien que des liens fraternels se tissent.
Mais devant les difficultés sociales et économiques, les préjugés et la xénophobie ont tôt fait de réapparaître.
À la tâche, les camarades fraternisent
L’entre-deux-guerres marque en Occitanie un tournant avec le quasi-triplement de la présence étrangère entre 1921 et 1931.
La dépopulation – aggravée par l’hécatombe des tranchées – puis les besoins énormes de l’industrie et surtout ceux de l’agriculture expliquent l’immigration de milliers de familles : arrivée d’agriculteurs du nord de l’Italie, de Suisse, de Belgique, entrées importantes d’Espagnols, de Portugais, recrutements de travailleurs d’Europe de l’Est, en particulier de mineurs polonais.
Entre les deux guerres, dans l’Aude comme dans toute l’Occitanie, une vague d’immigration de paysans espagnols et catalans alimente l’économie. Dans un premier temps, l’intégration est réussie et renforce les solidarités. Mais dès 1929, la présence espagnole suscite inquiétude, rejet et xénophobie.
Respecter l’étranger, l’homme et le frère
Une noble solidarité de justice sociale entre les peuples se dessine. Et le mot « étranger », le triste mot « étranger » perd tout ce qu’il avait de brutalité et de tristesse, l’ouvrier, quel que soit son pays d’origine, lorsqu’il sera loin de la patrie, de la douce terre natale, se sentira uni à elle dans le pays où il vit en pensant au soutien que sa patrie d’origine apporte aux autres travailleurs. Ainsi, en restant unis par la pensée et le cœur à la patrie d’origine, au lieu de se sentir étrangers, isolés et sans appui hors de chez eux, ils se sentiront protégés par la communauté universelle du droit social, et toutes les nations apprendront à respecter dans l’étranger l’homme et le frère.
Jean Jaurès, « La politique sociale en Europe et la question de l’immigration », 30 septembre 1911, Le pluralisme culturel.